Mal-être au travail : Comprendre, identifier et agir efficacement
Au cœur de la vie professionnelle, un certain mal-être peut venir rôder, insaisissable et parfois destructeur. Il n’y a qu’à regarder l’évolution des cas de burn-out, cet état d’épuisement émotionnel, mental et physique causé par un stress excessif et prolongé… il devient une préoccupation croissante dans le monde professionnel.
Ce phénomène, souvent lié à une surcharge de travail, à une diminution de la motivation, de l’énergie et de la productivité, n’est qu’un exemple des différents visages du mal-être au travail, un problème en croissance dû à l’augmentation des pressions sur les salariés, des styles de management plus individualisés, de la perte de sens du travail et des conditions de travail exigeantes.
L’avènement de la pandémie de COVID-19 et les crises économiques récentes ont exacerbé ces problèmes, augmentant les inquiétudes liées à la sécurité de l’emploi, causant des licenciements, des fermetures de sociétés et aggravant les conditions de travail pour beaucoup.
Face à ce constat, comprendre le mal-être au travail, reconnaître ses signaux et identifier ses causes devient indispensable pour les individus et les entreprises cherchant à promouvoir un environnement de travail sain et préserver la santé mentale de leur salariés. Le stress au travail, le harcèlement moral, la souffrance et la discrimination professionnelle sont autant d’éléments contribuant à ce mal-être.
Cet article s’efforce d’explorer le mal-être au travail sous tous ses aspects : ses manifestations (burn-out, bore-out, brown-out), les signes avant-coureurs, les causes profondes, les impacts du monde moderne, les conséquences sur les individus et les organisations, ainsi que les stratégies de prévention et d’intervention pour y faire remédier.
Qu'est ce que le le mal-être au travail ?
Le mal-être au travail se définit comme une forme de souffrance mentale ayant directement rapport avec son environnement professionnel. La situation peut se présenter de diverses manières selon les travailleurs, car chaque individu réagit différemment face au stress. Ce mal être peut s’exprimer de différentes façons et s’expliquer par des causes multiples. Afin de pouvoir y remédier et trouver des pistes de solutions efficaces sur le long terme, il est nécessaire d’aller identifier ses causes.
Quelles sont les causes du mal-être au travail ?
Les données du baromètre du bonheur au travail montrent qu’une bonne partie des Français sont insatisfaits par leur métier. Environ 13 % des salariés estiment être sur le point de basculer vers la souffrance professionnelle. Ces chiffres révèlent une situation alarmante dont nous vous présentons les causes les plus fréquentes.
Celles-ci sont multiples et peuvent varier d’un individu à l’autre. Cependant, elles se regroupent généralement en trois grandes catégories : organisationnelles, personnelles et externes. Voici une exploration détaillée de ces causes :
Facteurs organisationnels
Surcharge de travail :
Une charge de travail trop dense et la pression que cela engendre peuvent totalement submerger les salariés. L’accumulation d’heures supplémentaires excessives et des objectifs pratiquement inatteignables sont des situations qui favorisent le mal-être professionnel. On parle alors de burn-out.
Une formation en gestion du temps peut vous aider mais attention ça ne résoudra bien entièrement le problème si la charge de travail croît continuellement.
Manque de reconnaissance :
Le déséquilibre entre les efforts du salarié et la reconnaissance obtenue en retour (financière, mentale etc.) entraîne forcément une sorte de souffrance professionnelle. Certains se retrouvent dans une situation où ils sont surqualifiés pour leur emploi actuel, ce qui peut leur donner l’impression de ne pas être assez écoutés. Le mal-être s’installe alors progressivement, si aucune solution n’est adoptée par l’organisation.
Conflits interpersonnels :
Les conditions de travail sont moins agréables lorsque vous entretenez de mauvais rapports avec vos collègues.
Une formation en gestion des conflits peut être utile jusqu’à un certain point.
Si cela concerne votre hiérarchie, vous pouvez pressentir des répercussions négatives sur l’évolution de votre carrière et vivre ainsi une souffrance professionnelle. Le harcèlement moral au travail (critiques injustifiées, humiliation publique, violence psychologique etc.) est aussi l’une des causes récurrentes.
Insécurité de l'emploi et ambiguïté du rôle :
Lorsque les employés craignent pour leur sécurité financière et leur avenir professionnel, cela peut générer un climat d’anxiété généralisé au sein de l’entreprise. Les menaces de licenciement, les plans de restructuration ou les incertitudes économiques peuvent peser lourdement sur le moral des travailleurs, compromettant ainsi leur bien-être mental. Cela peut également entraîner une diminution de leur engagement et de leur motivation.
L’ambiguïté du rôle, quant à elle, se réfère à la confusion ou à l’incertitude sur les responsabilités et les attentes liées à un poste. Lorsque les salariés ne comprennent pas clairement ce qui est attendu d’eux ou lorsqu’ils se retrouvent confrontés à des tâches contradictoires, cela peut entraîner de la frustration et du stress.
Conditions de travail difficiles :
Un climat professionnel difficile également un défi majeur pour le bien-être des employés. Un environnement inadapté, que ce soit en termes d’espace restreint, de matériel défectueux ou d’horaires peu flexibles voire contraignants, peut exercer une pression significative sur les travailleurs. Ces conditions peuvent augmenter un malaise persistant et les empêcher d’atteindre un équilibre vie professionnelle/ vie personnelle satisfaisant.
Changements organisationnels fréquents :
Lorsque les structures et les processus de travail sont constamment modifiés, les salariés peuvent se sentir désorientés et déstabilisés, ce qui peut nuire à leur bien-être mental et émotionnel. Ce climat d’instabilité peut rudement mettre à l’épreuve les nerfs des collaborateurs et entretenir des peurs sur le long terme.
Facteurs personnels
Perte de sens (brown out) :
C’est une autre dimension importante de la problématique. Elle se manifeste lorsque vous ne percevez plus l’intérêt ou l’importance de vos missions quotidiennes, ce qui peut gravement affecter votre bien-être et votre motivation. Cette situation découle parfois d’une inadéquation entre les valeurs personnelles et les objectifs de l’entreprise, ou d’un sentiment d’inutilité lié à vos missions ou aux efforts déployés.
Sur-investissement ou sous-investissement dans le travail :
Le sur-investissement ou sous-investissement dans le travail peuvent avoir des conséquences néfastes sur le bien-être des employés. En effet, un engagement excessif peut entraîner un épuisement professionnel (c’est la porte ouverte au burn-out ! ), où les travailleurs se retrouvent physiquement et mentalement épuisés par leurs efforts constants.
D’un autre côté, un sous-investissement dans le travail, caractérisé par un manque d’engagement et de motivation, peut conduire à l’ennui et au désengagement, affectant ainsi la productivité et la satisfaction au travail.
Charge émotionnelle excessive :
Certains emplois exigent une implication émotionnelle très importante ! Je pense notamment aux secteurs de la santé, de l’éducation, du service client… Ces professions nécessitent souvent de gérer des situations difficiles, de fournir un soutien émotionnel aux autres et de faire face à des doses de stress intenses. Cependant, lorsque les travailleurs ne bénéficient pas d’un soutien adéquat de la part de leur employeur ou de leurs collègues, cette charge émotionnelle peut devenir problématique et se retourner contre eux.
Facteurs externes
Transformations technologiques :
Les transformations technologiques incessantes constituent une réalité incontournable dans de nombreux environnements professionnels modernes. L’adoption de nouveaux outils, logiciels et méthodes de travail peut être à la fois stimulante et stressante pour les employés. En effet, l’adaptation constante à ces changements technologiques peut générer un sentiment d’incertitude et d’insécurité chez les travailleurs, qui doivent constamment acquérir de nouvelles compétences et ajuster leurs pratiques.
De plus l’adoption généralisée des technologies de l’information a conduit à une culture de travail où l’on s’attend à être constamment disponible, augmentant ainsi le stress et la pression sur les employés
Évolutions sociétales :
Les changements dans la société, y compris les crises économiques ou sanitaires comme la pandémie de COVID-19, ont a bien des égards, eu un impact majeur et direct sur le bien-être au travail.
La pandémie a par exemple eu des répercussions directes sur nos façons de travailler avec en première ligne la généralisation du télétravail. Bien qu’il offre flexibilité et confort, il peut également entraîner un sentiment d’isolement, de déconnexion, une diminution du sentiment d’appartenance à la société, une difficulté à garder une frontière entre vie professionnelle et vie personnelle…
Contacts quotidiens :
Les contacts quotidiens avec des clients, des patients ou des élèves sont une composante essentielle de nombreuses professions. Cependant, ces interactions fréquentes peuvent également, à haute dose, devenir problématiques. La nature souvent intense et variée de ces échanges peut être émotionnellement exigeante, surtout lorsqu’ils impliquent des situations difficiles ou des demandes complexes. De plus, le fait de devoir constamment répondre aux besoins et aux attentes des autres peut créer une pression supplémentaire, en particulier lorsque les ressources et le soutien nécessaires font défaut.
Ces causes interagissent souvent, créant un cercle vicieux qui peut être difficile à briser sans une intervention ciblée. Reconnaître ces causes est la première étape pour développer des stratégies efficaces de prévention et d’intervention face au mal-être au travail.
La deuxième étape consiste à identifier les signes du malaise en jeu.
Comment identifier le mal-être professionnel ?
Identifier le mal-être au travail est crucial pour intervenir efficacement. En identifiants les signes rapidement, vous pourrez limiter les risques psychosociaux1 (RPS).
Voici quelques signes précurseurs à surveiller :
Symptômes émotionnels et comportementaux
- Anxiété, sentiment de danger, humiliation, et maltraitance.
- Peur sur le chemin du travail, tremblements, pleurs dans la voiture ou aux toilettes, et sentiment de solitude.
- Incapacité à tolérer quoi que ce soit ou qui que ce soit, y compris les enfants, et sentiment d’incompétence.
- Problèmes de mémoire, difficulté à se concentrer.
Symptômes physiques et de performance au travail
- Signes visibles de fatigue, stress, et conflits, ainsi qu’une augmentation de l’absentéisme.
- Manifestations physiques tels que stress, anxiété, irritabilité, fatigue, problèmes digestifs, troubles du sommeil, et perte d’appétit.
- Diminution de l’engagement et de la motivation, comme le manque de volonté, le désir de démissionner, ou le conflit entre la vie personnelle et professionnelle.
Formes communes du mal-être au travail
- Burnout, bore-out, et brown-out.
- Épuisement, manque d’enthousiasme pour le travail, diminution de la performance au travail, anxiété et inquiétude, troubles du sommeil, manifestations physiques, et irritabilité et sautes d’humeur sont des signes de burnout.
Les conséquences du mal-être professionnel et les risques psychosociaux
L’impact du mal-être au travail sur les individus et les organisations est considérable et se manifeste de diverses manières.
Sur les individus
Problèmes de santé :
La première conséquence de la souffrance au travail pour les salariés est la détérioration de leur santé : le stress chronique peut entraîner des maladies cardiovasculaires, des troubles musculo-squelettiques, ainsi que des problèmes de santé mentale tels que l’anxiété et la dépression. Les conséquences du burnout incluent également des troubles du sommeil et des maladies cardiovasculaires.
Qualité de vie, conséquences professionnelles :
Leur qualité de vie et leur bien-être global s’en retrouve alors grandement impactés. Confrontés aux risques psychosociaux, ils manquent de de concentration, de motivation, ce qui affecte bien evidemment leur productivité qui va ensuite influencer sur les résultats de l’entreprise.
On observe l’instaurant d’un climat de travail néfaste avec des tensions et des conflits entre collègues. La communication devient difficile, voire inefficace, impliquant ainsi une diminution des collaborations et de la satisfaction au travail.
Sur les entreprises
Les risques psychosociaux sont à l’origine de problèmes de santé mentale pouvant conduire à des absentéismes répétés, des arrêts maladie et même des départs volontaires. L’entreprise doit alors faire face à des pertes de talents et d’expérience en raison du roulement du personnel, sans oublier les coûts engendrés.
Les coûts cachés incluent l’augmentation de la charge de travail et du stress pour les autres employés, la diminution de l’engagement de l’équipe, l’augmentation des erreurs et accidents, la perte de compétences et de connaissances, et la diminution de la qualité du travail et de la satisfaction client.
La mauvaise gestion des risques psychosociaux et de l’état de mal-être des salariés peut aussi nuire à sa réputation. Les nouveaux talents hésitent à rejoindre l’entreprise pendant que les clients et partenaires commerciaux recherchent des alternatives pour se passer de ses services.
Effets sociaux et économiques
Coûts pour l'économie :
Le stress lié au travail coûte à l’économie suisse 6.5 milliards de francs annuellement, et le coût pour l’économie en France est estimé à environ 3 milliards d’euros par an. La mission est d’ampleur n’est ce pas !
Maladies professionnelles :
L’intensification du travail conduit à une augmentation de la charge psychologique, avec de nouvelles formes de dissociation et de frustration. Le nombre de maladies professionnelles est en hausse, les troubles musculo-squelettiques étant les plus courants 24.
Ces impacts soulignent l’importance d’aborder le mal-être au travail non seulement pour le bien-être des individus mais aussi pour la santé financière et le développement durable des organisations.
Quelles sont les solutions face au mal-être au travail ?
Le Code du travail précise que l’employeur doit assurer la protection de la santé physique et mentale de ses salariés.
Pour les dirigeants, il est essentiel de reconnaître les signes d’un mal-être au travail afin d’y remédier.
- Le dialogue régulier entre manager et salarié est l’une des recommandations principales. C’est le moyen par lequel il est possible d’identifier assez rapidement les signes comme l’irritabilité, la dévalorisation personnelle, les sautes d’humeur, etc. Pour cela, les managers doivent être formés pour détecter les signes de mal-être chez les employés et comprendre la psychologie des risques, les préparant à intervenir de manière appropriée
- La mise en place de programmes de sensibilisation sur les RPS pour éduquer les employés et dirigeants sur de l’importance de la santé mentale au travail.
- Des formations sur les thèmes de la gestion du stress, l’intelligence émotionnelle, la communication etc. sont également d’excellent moyens pour permettre aux employés de développer des outils pour désamorcer un mal-être (voir notre Formation “Gagner en efficacité et en bien-être au travail“).
- Pour permettre aux entreprises de ne pas monopoliser leurs employés plusieurs jours, l’organisation d’ateliers d’une demi-journée permettent une entrée en matière efficace et rapide. A ce titre, les ateliers « Qualité de vie au travail » (QVT) avec L’Aubaine Formation sont excellents pour des échanges plus qualitatifs avec le personnel. Ils sont accessibles à distance comme en présentiel avec des enseignements sur le bien-être, la santé mentale, la communication, la cohésion de groupe, etc.
- D’autres solutions simples, mais efficaces suffisent pour faire disparaitre la sensation de mal-être lorsque la situation est décelée au plus tôt. Pensez au changement des horaires prévus par le contrat de travail ou à la modification des tâches des salariés concernés.
- Un mal-être entraîné par la digitalisation d’une activité peut être apaisé par :
- une meilleure gestion de la charge de travail,
- la promotion de limites numériques,
- le développement de compétences numériques et émotionnelles.
- Pour les cas complexes, pourquoi ne pas solliciter un intervenant en prévention des risques ? Ce dernier est en mesure de poser un diagnostic fiable et d’apporter des solutions individuelles. Le médecin du travail est également un interlocuteur neutre pouvant endosser le rôle de médiateur entre salarié et dirigeant.
Comment prévenir le mal-être au travail ?
La prévention protège les salariés et permet aux entreprises de gagner du temps et de l’argent.
- Elle passe par les actions de sensibilisation sur le mal-être au travail et l’incitation de la hiérarchie à prendre des mesures appropriées selon le secteur d’activité. Les employés sont encouragés à s’exprimer dès qu’ils ressentent des symptômes (pour cela, un espace de dialogue ouvert et de confiance est donc essentiel).
- En plus d’un dialogue direct, des enquêtes, évaluations anonymes permettent de recueillir régulièrement de feedback et favoriser l’amélioration continue des conditions de travail.
- Pour les démarches en interne, une solution efficace consiste à associer l’ensemble du personnel afin d’obtenir des résultats optimaux. Commencez par évaluer les facteurs de risque au sein de l’entreprise et élaborez un plan de prévention pour anticiper et éviter le mal-être au travail. Un suivi quotidien des indicateurs permet ensuite d’améliorer vos actions dans ce sens.
- Vous devrez également explorer la souffrance professionnelle avec les nouveaux modes de travail (à la demande, indépendant, télétravail…). De nombreuses personnes affrontent plusieurs défis liés à ces nouveaux contextes comme l’isolement, la précarité de l’emploi, la difficulté à scinder vie professionnelle et vie personnelle. Promouvoir une culture organisationnelle favorable, offrir un soutien social, accorder davantage d’autonomie et de flexibilité au salarié sont autant de solutions envisageables.
- Des programmes de retour au travail peuvent aussi être conçus pour aider les employés à réintégrer le milieu de travail après une absence due à des problèmes de santé mentale, réduisant ainsi le risque de rechute.
Conclusion
Le mal-être au travail touche une bonne partie de la population française. Tous les secteurs d’activité sont concernés par cette situation. Les responsables et dirigeants d’entreprise ont une mission importante à relever pour prévenir les RPS et prendre la bonne direction. L’identification des signes évocateurs vous aide à mettre en place des solutions dans les meilleurs délais. En améliorant les conditions de travail des salariés, ceux-ci seront davantage épanouis pour participer à la croissance de l’entreprise.